St-Vigor-des-Mézerets

Extrait de "Statistique monumentale du Calvados"
par Arcisse-De-Caumont


(Tome 3 - Arrondissements de Vire et Bayeux - pages 22 à 27 - édition 1857)
Saint-Vigor-des-Maiserets
Sanctus Vigor de Meseretis

L'église de St-Vigor-des-Maiserets est assez remarquable pour la contrée.
Elle paraît, sauf quelques fenêtres modernes et une addition à l'Est, être entièrement du XVè siècle.

Le clocher, en bâtière, est placé sur le transept nord.
Sur la porte de l'Ouest est une jolie rose flamboyante ;

au midi, les fenêtres avaient presque toutes des meneaux contournés : il reste encore quelques fragments de vitraux en grisaille dans le choeur, et dans la fenêtre du transept méridional, des restes d'une verrière assez remarquable.
Ces deux chapelles des transepts ont été décorées très richement, à en juger par les nervures à clefs armoriées qui ornent les voûtes. Des branches de vigne courent entre ces nervures profondément évidées.
Les retombées sont portées par des anges tenant des écussons qui ont tous été mutilés aussi bien que ceux des clefs de voûte.
Un seul écusson a échappé, protégé qu'il semble avoir été par l'obscurité ; il se trouve sur une clef de voûte dans la chapelle du nord, sous la tour.

Malheureusement toute cette église est engluée de badigeon d'une façon déplorable, et c'est une des localités qui peut être signalée comme ayant le plus souffert de cette manie de peindre ou plutôt de barbouiller qui a fait tant de mal dans les campagnes.
La base des fonts a paru du XIVè siècle à M. Bouet ; il est difficile de savoir si la cuve est du même temps ou si elle n'a point été refaite.
Trois ou quatre jolies statuettes ornent cette église ; deux d'entr'elles, notamment une statue de saint Denis, viennent d'une chapelle St-Laurent qui, dit-on, était assez belle et que l'on a détruite depuis la Révolution ; elle était située sur le bord de la rivière, dans la direction de Perrigny.
La cloche est peu ancienne, en voici l'inscription :

L'AN 1804 J'AI ÉTÉ BÉNITE PAR LE SIEUR PIERRE BISSON PASTEUR DESSERV. DE CE LIEU ET NOMMÉE ROSE AIMÉE PAR ROSE MARIE MAGDELAINE BAUDRANO Vve DUVERGIER ASSISTÉE DE JEAN MARIE ANNE DUVERGIER, A LA DILIGENCE DE JEAN LHOMME MAIRE DE LA COMMUNE DE ST VIGOR DES MAISERETS.
FAITE PAR LES BOSQ ET LE MONNIER.

On remarque un if très ancien dans le cimetière.
La croix du cimetière est élevée sur des degrés, au nombre de huit ou dix.
La cure était à la nomination du prieur du Plessis qui la faisait desservir par un religieux augustin. Il y avait dans la paroisse une chapelle titulaire, sous l'invocation de St-Laurent-des-Prés, à la présentation du prieur.

Château. A peu de distance, au sud, est l'ancien château de St-Vigor, très grossièrement construit en grès ou schiste, avec corniches en charpente.

La plus grande partie de cette construction semble dater du XVIIè siècle ; quelques accolades et un dessus de fenêtre portant des scuptures figurant un câble ou cordage semblent seuls pouvoir lui faire assigner une date plus reculée.
Une grande salle, au rez-de-chaussée, dans laquelle débouche l'escalier de la tourelle, conserve encore quelques boiseries du XVIIè et quelques restes de tableaux représentant des femmes nues et des amours, suivant l'usage assez généralement suivi alors pour la décoration des châteaux.
Le seigneur de la paroise avait une chapelle domestique dans sa maison.
Cette seigneurerie était possédée, au XIè siècle, par la famille de Clinchamps.
Hugues, seigneur de Clinchamps et des Maiserets, fit des fondations en 1138.
Un autre Hugues de Clinchamps tenait les fiefs des Maiserets et du Rosel, sous le règne de Philippe-Auguste, en 1210 et en 1226, comme nous l'apprennent des registres de la Chambre des Comptes. Vigor de Clinchamps, écuyer, passa un contrat le 27 mai 1417 et fut père de Philippe et d'Olivier, seigneurs des Maiserets et de la Basoque, dénommés dans les lettres-patentes du 22 août 1453. Nicolas de Clinchamps, seigneur des Maiserets, fils d'un autre Nicolas, fit preuve de noblesse vers 1640. Philippe des Maiserets avait fait ses preuves devant Montfaouq en 1463.
Cette paroisse faisait partie de la sergenterie de St-Jean-le-Blanc : on y comptait 120 feux.
© jc Ferrand, 2003-2009