Placées sur la crête d'un haut escarpement rocheux, presque abrupt, les Pierres de Becquerel (1) dominent un profond ravin étroitement encaissé.
Ce sont deux grands blocs carrés, séparés par un espace de quelques pieds comme les deux supports d'un dolmen.
La tradition prétend qu'ils supportaient une autre pierre qui fut précipitée dans le ravin.
Lorsque, de loin, on voit les deux blocs et le vieil if qui s'élève au pied s'estomper tout bruns sur le ciel, on dirait un de ces sites d'une pittoresque étrangeté qu'aimait à rêver Gustave Doré, et que son crayon fantaisiste savait reproduire avec une si puissante originalité.
Ces pierres ont-elles une origine celtique ? Nous n'avons pas à trancher la question. Il nous suffira de rappeler que les monuments naturels ont été souvent l'objet d'un culte de la part des Gaulois, qu'ils y célébrèrent les mystères de leur religion, que des noms significatifs furent par la suite donnés à ces roches, et que des traditions merveilleuses y sont presque toujours restées attachées.
Il en est ainsi des pierres Becquerel, auprès desquelles s'élevait une chapelle, assure-t-on. Elles passaient pour être hantées la nuit et souvent on y voyait un Codrille, animal surnaturel qui effrayait et poursuivait le passant attardé.
Notes:
(1) Commune de Périgny, canton de Condé, arrondissement de Vire.
Sources:
Extrait de "Esquisses du Bocage Normand", vol.1/2 - 1883, de Jules Lecoeur.
Vue de la pierre aujourd'hui:
Contrairement au récit ci-dessus, la pierre supérieure est toujours présente.