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Cultes de saint Vigor
Lieux de cultes
par ordre alphabétique
des communes
MONTFIQUET (Calvados)
Commune de l'arrondissement de Bayeux. Canton de Trévières depuis 2015.
Dans cette commune de Montfiquet, il existait un chêne dédié à saint Vigor, chêne aujourd'hui bien oublié, mais sa présence est attestée par quelques rares et anciens ouvrages, à lire ci-dessous. Merci à Christophe Canivet qui a permis cette redécouverte.

Résumé des ouvrages:
Dans la forêt de Cerisy, à trois ou quatre cents pas à l'est de la route départementale de Balleroy à Littry et près de Vaubadon, se voit un énorme chêne antique (1), l'un des vétérans du règne végétal : ce chêne, vulgairement appelé la vieille Chênesse ou la grosse Quênesse, a 9 mètres de circonférence à la base ; il est entièrement creux, bien qu'il soit couronné de verdure.
Dans l'intérieur de ce chêne plusieurs fois centenaire, où seize personnes pouvaient aisément se tenir debout, une chapelle en pierre de taille a été construite, en 1845, par un forgeron habitant de Littry (2).
Tous les ans, le lundi de la Pentecôte, avait lieu, au pied de la vieille Chênesse, une fête champêtre, à laquelle les habitants des communes voisines s'empressaient d'assister.
Lors d'une visite en 1861, les botanistes de la Société Linnéenne de Normandie trouvèrent :
[...] «  la grande Chênesse presque entièrement incendiée ; c'est à peine si le feu, allumé deux fois, il y a un mois environ, par des mains malveillantes, a épargné la tête de ce vétéran que le temps avait respecté. » [...].

Notes repérées dans le résumé ci-dessus :
Recherches réalisées par Christophe Canivet.

(1) La tradition raconte qu'en 1760, une femme de Balleroy, mère de Louis Dupont, jeune peintre distingué, y fut prise des douleurs de l'enfantement et y mit au monde le protégé d'Apelles. Ce jeune homme fut protégé par Mgr d'Albert de Luynes, alors évêque de Bayeux, qui avait reconnu en lui des talents extraordinaires pour la peinture, et il l'envoya étudier à Rouen où il est mort. Ce quatrain que fit le prélat pour être mis sur sa tombe, fait honneur tout à la fois et au pays qui l'a vu naître, et à son digne et illustre protecteur, et à sa famille dont les descendants existent encore à Balleroy :
Ci gît qui fut à tous égards
Digne d'une illustre mémoire,
Il naquit pour l'honneur des arts
Et vécut trop peu pour leur gloire.

(2) Le forgeron Le Bas, célèbre dans le pays comme auteur de plusieurs inventions mécaniques.
Biographie de Pierre LE BAS (1796-18721) : (a)
Fils d'un journalier du Tronquay, il était déjà maréchal-ferrant lorsqu'il est embauché par la mine de Littry en 1833. Au-delà de la fabrication de l'outillage habituel des mineurs, il se consacre à la confection des chariots (forgeage des supports, ferrage des caisses en bois, assemblage de plusieurs dizaines de chariots pesant chacun une cinquantaine de kilogrammes) et au placement du chemin de fer (les galeries de Littry, trop basses, ne permettant pas la traction par des chevaux ou des ânes, ce sont, en 1835, plus de quatre kilomètres de galeries qui sont ainsi équipés) (b).
Mais Pierre LEBAS est bien plus qu'un forgeron et sa renommée dépasse les galeries de la mine. Maître du feu, c'est lui qui est chargé des feux d'artifices qui illuminent les fêtes de Littry. Inventeur habile, on lui doit notamment une amélioration de la baratte à beurre (c), le beurre, l'or de ce pays d'Isigny. Cette invention aura même les honneurs de l'Exposition universelle de Paris en 1867 et fera l'objet de multiples publications. C'est donc un homme du cru et surtout un homme de l'art que l'abbé J. Bidot présente élogieusement dans son Histoire de Balleroy et des environs : « Ceux qui, par leurs travaux, leurs études et leur patience, font progresser l'industrie dans notre pays ont certes des droits à notre reconnaissance. À ces titres divers j'ai, comme historien impartial, à vous signaler un artisan, homme de patience qui, sans étude et sans instruction, est parvenu dans l'horlogerie, ainsi que dans la serrurerie et l'armurerie, à obtenir des succès qui exigent des études particulières, spéciales, et qu'il ne doit, lui, qu'à un esprit ingénieux et persévérant. Cet homme est Pierre Lebas, serrurier-mécanicien à Littry, qui a su mériter les éloges les plus flatteurs des Sociétés savantes et eu a reçu plusieurs mentions honorables » (d). Et c'est donc à cet homme du cru et de l'art qu'est confié le soin d'aménager l'intérieur de l'arbre Saint-Vigor en chapelle en 1845.
Notes de biographie repérées ci-dessus :
(a) Né le 1er fructidor an IV au Tronquay (AD du Calvados - registres d'état-civil : Le Tronquay 1867-1877 vue 77). Marié avec Charlotte Marie LEGRAND le 02/10/1826 à Arganchy (AD du Calvados - registres d'état-civil Arganchy : vue 26). Décédé le 27/11/1872 à Littry (AD du Calvados - registres d'état-civil : Littry registres d'état-civil 1867-1877 vue 350 acte n°53).
(b) Mineurs de charbon en Normandie: XVIIIe-XXe siècles / Pierre Coftier, Cahiers du temps, 2006 - pages 47 et 52.
(c) Voir son brevet d'invention de quinze ans, dont la demande a été déposée, le 6 janvier 1858, au secrétariat de la préfecture du département du Calvados (Bulletin des lois de la République française 1860 p1217).
(d) Histoire de Balleroy et des environs / J. Bidot (1860) p406.


Sources :
  1. Légendes Historiques de la QUENESSE ou CHÊNE SAINT-VIGOR, surnommé l'OAK-KIRIEL, de la forêt de Cerisy, département du Calvados - par le Vicomte HÉRICART DE THURY - 1839. Extrait des "Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris", voir point 3.
    Consulter l'ouvrage, remis en page par Christophe Canivet pour en faciliter la lecture.
  2. Compte-rendu de l'excursion linnéenne à Litry par A. Fauvel. Extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, volume 6 - 1862.
    Consulter l'ouvrage.
  3. Légendes du Chêne de Saint-Vigor, tome 23, décembre 1838, chapitre III Mélanges, pages 230 à 244. Extrait de "Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris".
    Consulter l'ouvrage.
  4. Louis Dupont, peintre. Extrait de "Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux, tome6, 1901".
    Consulter l'ouvrage.
Ces ouvrages sont téléchargeables sur gallica et googleBooks.



Le Chêne St-Vigor ou Chênesse ou Quénesse a disparu mais il a cependant laissé son nom à quelques lieux de Montfiquet (voir ci-dessous).
Il est regrettable que depuis l'annonce de sa mort par les botanistes en 1861, et sauf erreur, il n'existe pas de publication reprenant l'historique de cet arbre. Qu'est devenue la chapelle, comment les habitants ont-ils réagi, etc. ? Toute réponse sera bienvenue.


Positionnement du Chêne St-Vigor (marqueur rouge) sur une carte interactive GoogleMaps.



photo

Extrait du cadastre actuel de Montfiquet. En vert, groupe de 5 parcelles (n°6-7-8-9-17) repérées "0C" et nommées "La Chênesse" de la forêt de Cerisy ou de l'ancien nom "forêt des Biards".
Ces tracés correspondent exactement avec la carte au dessus.
(source cadastre.gouv.fr)


photo photo A gauche, dessin du chêne St-Vigor tel qu'il est représenté dans la revue "L'Univers Illustré" n°22 du 16 octobre 1858. La partie chapelle n'apparaît pas, d'où une question : ce dessin est-il réalisé d'après nature ou est-ce une imagination de l'auteur ?

A droite, dessin du chêne d'Allouville-Bellefosse, toujours existant et qui doit être semblable à l'ancien chêne St-Vigor (Architecture et vie culturelle en Normandie" par Guy Leteroux).


photo photo
A gauche, "Carrefour de la Chênesse" sur la D10 et à droite, début de la "Route Forestière de la Chênesse", partant de ce carrefour.


photo photo A gauche, "Route Forestière de la Chênesse".
A droite, vue aérienne de la clairière (en vert clair) où était le chêne, à 300 mètres du carrefour situé sur la gauche.


photo

Au bord d'un chemin forestier sans nom (visible sur la photo aérienne), la clairière où était le chêne.
Herbage entretenu, il ne reste aucune trace visible du passé.





Quelques informations concernant la Forêt Domaniale de Cerisy :
Entre Bayeux et Saint-Lô, la forêt domaniale de Cerisy, avec ses 2130 ha, est classée en 1976 "réserve naturelle nationale" principalement en raison de la présence d'une espèce endémique unique au monde : le carabe doré à reflets cuivrés, protégé au niveau national.

Voir le "Plan de Gestion 2015-2025" de la Réserve Naturelle Nationale - FORET DOMANIALE DE CERISY, édité par l'ONF.

Histoire de cette forêt (extrait de wikipédia) :
La forêt de Cerisy est le vestige de l’ancien massif du BUR qui s’étendait de Bayeux, Tilly-sur-Seulles à Saint-Lô, et qui englobait la forêt d’Elle et le parc de Semilly. Aujourd’hui, seuls ont survécu le bois de St Paul du Vernay et la forêt de Cerisy. La forêt de Cerisy a porté plusieurs noms :
– du XIe au XIIIe siècle : forêt de Burleroy
– du XIVe au XVIIe siècle : « grand Buisson des Biards ».
La forêt de Bur était le lieu de chasse des Ducs de Normandie qui avaient octroyé les droits d’usage aux évêques de Bayeux et aux moines de l'abbaye de Cerisy et de Mondaye. Historiquement, on distingue la forêt de Cerisy en deux parties :
Au nord, le Bois l'Abbé (250 ha), situé sur Cerisy-la-Forêt, est donné en 1042 par Guillaume le Conquérant aux moines de l'abbaye de Cerisy. Après la Révolution, ce bois est réclamé par l'État, auquel il n'est rattaché qu'en 1845.
La forêt des Biards, située sur la commune de Montfiquet, appartient aux ducs de Normandie. En 1204, lors du rattachement de la Normandie à la couronne de France, elle intègre le domaine royal. Après 1791, elle devient bien de l'État.
Le 5 septembre 1846, une ordonnance royale unifie les deux parties de la forêt de Cerisy et fixe le traitement de cette forêt en futaie de hêtres.
Les bombardements de 1944, les prélèvements pour les besoins de la guerre ont provoqué de graves dommages au massif forestier. Ainsi, tous les peuplements situés autour de l'actuel carrefour de l'Embranchement ne datent que des années 1960.
À noter d'ailleurs la présence de nombreux impacts de bombes dans toute la partie est du massif. Des caches d'armes sont également visibles.


photo photo A gauche, "Maison de la Forêt" située à l'Embranchement.

A droite, le carabe doré à reflets cuivrés (Carabus auronitens).

Autres informations historiques :
En lisière de cette forêt, sur la commune actuelle de Noron-la-Poterie, il y avait une résidence ducale, le château de Bur, aujourd'hui disparu, ( Voir Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie ), et c'est ici qu'à Noël 1170, la cour du roi-duc Henri II Plantagenêt (duc de Normandie et roi d'Angleterre) était réunie. De ce château partirent les quatre chevaliers du roi qui assassinèrent Thomas Beckett le 29 décembre 1170 dans sa cathédrale de Cantorbery. Il faut aussi se souvenir que c'est en 1172 devant l'ancienne cathédrale d'Avranches que ce même roi fit pénitence publique pour cet assassinat. Voir photo du monument.
Pour compléter ce paragraphe, il faut ajouter qu'en Normandie, de nombreux lieux de culte sont dédiés à St Thomas Becket, né à Londres d'une famille normande. Par exemple à Montfiquet, il existe une église et une statue pour ce saint. Voir une liste ici.

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